Nous entretenons tous une histoire intime et profonde avec notre lit et donc particulièrement avec le linge que nous choisissons pour l’habiller. Il varie en fonction des traditions, des coutumes, des préférences familiales… Nous avons souhaité retracer l’histoire et l’évolution de ce savoir-faire mais aussi vous révéler quelques confidences sur les origines de Doran Sou.
Un saut dans l’Histoire
Avant le développement du textile tel que nous le connaissons, il y eut l’avènement de l’agriculture et la sédentarité. C’était le temps de l’apprentissage des bases qui permirent ensuite à l’ère du textile de s’élancer. On file, on tresse, on lace. On commence peu à peu à maîtriser les différentes fibres. Le lin et le chanvre furent supplantés par le coton au XIXe siècle. Enfin, on apprend à teindre et à décorer les parures. Avec le temps, le textile ne sert pas uniquement à se vêtir, mais également à décorer, à isoler, grâce notamment aux teintures, aux rideaux, et bien sûr, à se réchauffer grâce aux draps et couvertures.

Le commerce du drap prend son essor au Moyen-Âge. Il se développe dans toute l’Europe. Les linges deviennent plus doux, plus lisses, plus confortables. Au XVIIème siècle, tous les lits en sont désormais parés, la qualité et les matières varient selon le milieu auquel on appartient. Le linge est un moyen, comme les vêtements, d’afficher son statut social. On le retrouve souvent brodés aux initiales de la famille.
Les plus belles pièces de linge de lit sont pourtant « neutres », blanc, crème, avec d’infimes broderies. Ce sont des pièces que l’on retrouve chez nos parents, nos grands-parents. On peut même chiner chez certains brocanteurs des trousseaux complets absolument divins. Sonia se rappelle que sa grand-mère possédait une armoire dans laquelle une multitude de draps, de taies d’oreillers, de nappes, toutes aux teintes claires, étaient parfaitement pliées et alignées. Une vision magique dans ses souvenirs.
Une évolution des mœurs
Le textile de maison, comme tous les accessoires de décoration, s’adapte et vit avec son temps. Il y a eu cette ère de l’industrialisation, où les lits étaient fabriqués en grandes quantités. Puis les années 30 et 40, où l’on privilégie le confort. A cette époque, tout le monde possédait un lit confortable ! D’ailleurs, c’est à la fin du XXème siècle que la couette détrône le drap plat pour s’imposer en maître dans l’univers très codifié du linge de lit.

Aujourd’hui, nous attachons beaucoup d’importance à notre parure de lit, autant qu’à notre précieux matelas. C’est un élément de décoration à part entière. Sonia ajoute : « On peut choisir de magnifiques rideaux, un joli tapis, pour moi le lit c’est la pièce maîtresse de la chambre. Je suis enchantée de constater que beaucoup de jeunes gens commandent des parures Doran Sou. Ils sont pourvus d’une grande sensibilité. De plus, il y a une envie de consommer différemment, de mettre plus de simplicité, de consommer « durable » et c’est une transition qui s’est faite relativement facilement dans le milieu de la mode, mais qui est plus difficile pour la maison. Les choses avancent, et j’espère que nous participons, avec Doran Sou, à faire changer les choses. »
Une histoire d’intimité familiale et de mémoire
Lorsque l’on parle de beau linge et de tradition, celle du trousseau de la mariée n’est plus à présenter. On le pensait perdu, devenu désuet, il est aujourd’hui de nouveau à la mode. Les jeunes générations trouvent du sens dans cette transmission. A l’origine, il s’agit d’un don de mère en fille réalisé au moment du mariage. Si les jeunes gens se marient moins, il n’est pas rare de voir les parents, les grands-parents, transmettre linge de maison, vaisselle, décoration, aux enfants ou aux petits-enfants qui s’installent dans leur première habitation. « Il n’y a rien de plus intime que le linge de lit » nous confie la fondatrice de Doran Sou. Pour preuve, nous y passerions plus d’un tiers de notre vie. Autrefois, les femmes y donnaient naissance, et les morts y reposaient. Le lit, c’est le cycle de la vie. C’est un lieu de refuge, un lieu de repos, un lieu d’amour, un lieu de confidences sur l’oreiller. L’amour du linge de lit nous vient souvent de nos proches. Sonia nous raconte ses liens intimes avec le linge de lit : « Je suis née et j’ai grandi à Genève, mais mes grands-parents vivaient en Espagne, dans un tout petit village. Durant l’été, j’y passais un mois, pendant les vacances. Mon grand-père était agriculteur, il avait 7 filles et 1 garçon. Tous habitaient une très ancienne maison en pierre. A l’étage, on y trouvait une grande pièce unique, et tous les lits étaient là, celui des parents était très légèrement à l’écart des autres. Imaginez cet espace fabuleux que cela représentait pour les petits-enfants : un rêve. Nous jouions entre les lits pendant des heures. Ils étaient, dans mon souvenir, toujours parfaitement bordés et habillés, malgré le peu de moyen de mes grands-parents. Les matières étaient nobles, les lits étaient pourvus d’édredons, de belles couvertures brodées, de draps de lin. »

« Dans ce village, tout petit, perdu dans la campagne espagnole, une camionnette passait une fois pendant l’été – probablement une fois par mois – pour vendre du linge, de la décoration, des accessoires pour la maison. Lorsqu’on l’entendait, tous les enfants couraient pour admirer l’agitation et les transactions, les nouveautés qui étaient apportées. Les femmes du village se réunissaient. Je me rappelle que ma grand-mère achetait toujours un petit quelque chose. Si je vous fais ces confidences aujourd’hui, c’est que je viens à peine de réaliser moi-même qu’il y avait beaucoup de souvenirs personnels dans l’aventure Doran Sou. C’est un travail de mémoire, plein de signification. »